Le terme AAA était déjà utilisé depuis les années 1990 à l’E3 par certains studios entre eux pour qualifier des gros jeux. Cette nomenclature vient en effet des USA, dans lesquels le système de notation va de F à A+ dans l’éducation. Ainsi, le terme AAA est utilisé pour montrer l’importance d’un jeu par la simple prononciation de son appellation. Les jeux AAA sont donc montrés comme des porte-étendards de l’industrie vidéoludique grâce à des ambitions et des budgets de développement et de marketing hors normes. Néanmoins, aucune valeur n’est donnée, que ce soit en termes d’achats réalisés ou d’argent dépensé.

Vers le début des années 2000, le terme n’est plus utilisé qu’entre professionnels, mais aussi avec la communauté la plus impliquée du jeu vidéo. Des sites commencent donc à donner une définition, dont la plus ancienne retrouvée sur sloperama.com qui qualifie le AAA ainsi :

Un jeu qui se classe parmi les dix jeux les plus vendus sur le marché

Cette définition a varié au fil des années. Ainsi, en 2006, avec l’arrivée de la HD et donc des jeux en haute définition, le site met à jour l’appellation AAA en y ajoutant l’importance du budget, qui commence à se révéler crucial dans la création d’un jeu vidéo de qualité :

Un jeu qui se classe parmi les dix jeux les plus vendus sur le marché. En général, ce type de jeu a nécessité un processus de production extrêmement coûteux

Vers la fin de l’année 2000, dans le blog Untold Entertainment, un professionnel anonyme s’efforçait de définir le terme. Selon lui, il était utilisé pour distinguer les jeux accessibles à tous, dont le marché a connu une explosion avec la Nintendo DS en 2005 et l’iPhone à partir de 2008, des jeux traditionnels sur consoles destinés à des joueurs plus exigeants, notamment en termes d’ambition technique. Il déclarait alors que les distributeurs délivraient des listes de leurs jeux avec des notations allant de AAA à B dans le but d’inciter à acheter plus de jeux AAA, car ceux-ci allaient mieux se vendre.

Aujourd’hui, vous êtes soit un ”développeur de petit jeu grand public”, soit un ”développeur console triple-A”. Il n’y a pas de terme pour vous décrire si vous êtes un ”développeur de jeux console naze”. Si c’est de la console, c’est ”triple A”.

En 2015, suite à la popularisation constante du jeu vidéo et à l’implication toujours plus importante des studios dans leurs œuvres, la définition est mise à jour une dernière fois :

La définition du terme varie d’une personne à l’autre. Certains diront qu’il s’agit d’un jeu qui se classe parmi les dix jeux les plus vendus sur le marché. Il s’agit essentiellement d’un jeu qui coûte des dizaines de millions de dollars à produire, des dizaines de millions à commercialiser et dont les valeurs de production sont très élevées

En effet, depuis la sortie des consoles de 8ᵉ génération, un véritable écart commence à se creuser entre les jeux vidéo dits “indés” et ceux provenant d’éditeurs conséquents tels qu’EA, Activision ou encore Ubisoft. Étant donné qu’un large public s’adonne maintenant à la consommation de jeux vidéo, ne rendant plus ce média propre à quelques individus, les grands groupes vont commencer à privilégier les suites et le marketing plutôt que la qualité. Ainsi, des jeux vidéo tels que FIFA et Call Of Duty deviennent les exemples parfaits de jeux AAA avec un budget astronomique, qui n’innovent en rien, mais qui présentent une rentabilité sur les investissements réalisés.

Le terme AAA peut d’ailleurs faire penser au vocabulaire utilisé dans le domaine de la finance pour parler de la note maximale attribuée par les agences de notation financières lorsqu’elles évaluent la solvabilité d’une entreprise ou d’un État.

Cependant, cette mention n’est pas péjorative et permet de désigner un jeu destiné à une grande partie des joueurs occasionnels, tout comme le terme blockbuster l’est pour les films.